La naissance d’une légende
L’invention se niche dans l’ADN de Cooke dès sa création, il y a plus de 120 ans. Notre histoire commence le jour où H. Dennis Taylor, directeur optique de T. Cooke & Sons à York, tente d’éliminer la distorsion au niveau du bord extérieur des objectifs destinés aux télescopes astronomiques. En 1893, Taylor conçoit et brevète le triplet de Cooke (brevet britannique n° 1991), une solution élégante aux problèmes affectant les concepteurs d’objectifs de l’époque. Un an plus tard, le premier objectif photographique Cooke est conçu et vendu sous le nom de marque Cooke. Le triplet ne servira pas seulement d’archétype pour l’ensemble des objectifs Cooke, mais deviendra également une référence presque universelle en termes d’objectifs à ouverture intermédiaire dans le monde entier.
Révolutionner la cinématographie
Quelques années seulement après son lancement, Cooke bénéfice déjà d’une réputation d’excellence. Un catalogue d’objectifs de 1887 indique :
« Nous pouvons garantir que les objectifs de Cooke sont aussi bons que les meilleurs anastigmats, y compris les plus complexes, et nous sommes toujours heureux de faire la comparaison. »
Lorsque les premiers films silencieux commencent à entrer en production à Hollywood, ils sont filmés avec une évolution du triplet, le Speed Panchro. Le studio Famous Players-Lasky (l’un des premiers studios qui deviendra par la suite Paramount) standardise sa production et choisit les objectifs Cooke pour la réalisation de classiques tels que « Le Cheik » (1921), avec Rudolph Valentino. Charlie Chaplin réalise ce qui est peut-être son plus grand film, « Les Temps modernes », avec un système Cooke. Ainsi, lorsque Martin Scorsese rend hommage à la naissance des films dans son drame 3D « Hugo » (2011), il semble tout naturel que son directeur de la photographie, Robert Richardson, ASC, choisisse Cooke.
L’expédition Shackleton en Antarctique
Leur capacité à résister à des conditions climatiques et atmosphériques extrêmes fait des objectifs Cooke le choix idéal pour de nombreuses expéditions, notamment la célèbre expédition Transantarctique impériale dirigée par Sir Ernest Shackleton (1914-16). Le photographe officiel de l’expédition, Frank Hurley, choisit une caméra Graflex équipée d’un objectif Cooke de 12 pouces à f 3.5 et des négatifs sur verre en 6 pouces 3/4 x 8 pouces 1/2 et 4 pouces 3/4 x 6 pouces 1/2 pour capturer la vie des hommes au quotidien. Hurley, naufragé sur l’île de l’Éléphant avec 21 autres membres d’équipage pendant cinq mois jusqu’à leur sauvetage, présente de nombreuses images de l’expédition à son retour.
Par ailleurs, le fameux téléobjectif f/3.5 est utilisé pour documenter les expéditions du Mont Everest en 1922 et 1924 par le Capitaine John Noel, photographe officiel de es expéditions.
Nous ne sommes plus au Kansas
Il est difficile de sous-estimer l’effet de surprise ressenti par le public lorsque Dorothy ouvre la porte de la maison de sa tante, regarde à l’extérieur et découvre la route de briques jaunes. Le Magicien d’Oz (1939) n’est pas le premier film tourné en Technicolor, mais il est le premier à superposer la couleur et le noir et blanc et à recevoir six nominations aux Oscars, y compris celle de Harold Rosson dans la catégorie meilleure photographie, ce qui a convaincu Hollywood de passer à la couleur. Le chef-d’œuvre est filmé avec des caméras Technicolor à 3 bandes et utilise des séparateurs de faisceaux pour séparer les couleurs. Cela signifiait que les objectifs devaient avoir une distance de mise au point arrière plus longue qu’auparavant, tout en corrigeant les aberrations introduites par les prismes. Avec son téléobjectif inversé, Horace Lee de chez Cooke y parvient en 1931 (brevet britannique 355.452), contribuant ainsi au succès du processus Technicolor tout au long de son âge d’or.
L’ère du Speed Panchro
L’avènement du cinéma sonore crée une forte demande pour des objectifs plus rapides, car les lampes à arc, trop bruyantes, ne pouvaient plus être utilisées, rendant beaucoup d’équipements existants obsolètes. L’inventeur Cooke, Horace Lee, adapte son design optique f/2.0 en un objectif à focale fixe ciné qui combine une grande ouverture et un champ angulaire de vision avec une définition jusqu’alors impossible grâce à des ouvertures beaucoup plus petites.
Le Speed Panchro de Cooke devient rapidement l’objectif de choix pour Hollywood des années 1920 jusqu’aux années 1960, et est utilisé sur tous les grands films, du tout premier lauréat des Oscars « Wings » (1927) à « Casablanca » (Oscar du meilleur film en 1942) et La Mélodie du bonheur (Oscar du meilleur film en 1965).
Je suis Spartacus !
En 1960, l’Oscar dans la catégorie meilleure photographie couleur est décerné à Russell Metty, ASC, pour avoir filmé l’épopée historique de Spartacus, avec Kirk Douglas dans la peau du gladiateur rebelle. Metty a utilisé des objectifs Cooke avec un adaptateur anamorphique Delrama pour filmer en Technirama. Le négatif de 35 mm a été converti via tireuse optique Panavision en une impression de 70 mm.
Le réalisateur Stanley Kubrick réalise ensuite « The Shining » (1980) et « Eyes Wide Shut » (1999) avec des objectifs Cooke.
Le zoom Varotal
En 1971, le légendaire concepteur d’objectifs Gordon H. Cook crée le zoom Varotal 20-100 mm T3.1 pour film 35 mm. Ce premier zoom de haute qualité conçu pour l’industrie professionnelle du film, et incorpore une conception totalement nouvelle, restera la base de tous les objectifs de zoom Cooke produits par la suite. Cet objectif a également joué un rôle clé dans la prise de vue en T2 de : « Terminator 2 : Le Jugement dernier » (1991) par Adam Greenberg ASC, et « Elizabeth » (1998) par Remi Adefarasin BSC, qui remporte le Bafta et est nominé pour un Oscar pour son travail.
Apocalypse Now
Après un éprouvant tournage de 15 mois aux Philippines, Apocalypse Now sort finalement le 15 août 1979. À l’époque, les critiques sont très partagées, mais l’épopée visionnaire de la guerre du Vietnam de Francis Coppola est désormais considérée comme un classique. Les images spectaculaires du film, réalisées à l’aide du zoom Anamorphic de Cooke puis modifiées par Technovision en Italie, valent à Vittorio Storaro ASC, AIC, son premier Oscar, et assoit sa réputation en tant cinéaste parmi les plus brillants et les plus innovants au monde. Il remporte également des Oscars pour « Reds » (1981) et « Le Dernier empereur » (1987), tous les deux filmés sur des systèmes optiques Technovision de Cooke.
« Au début [de ma carrière], je ne m’exprimais que par la lumière et les ombres », confie le maestro. « Après Apocalypse Now, j’ai découvert ce qu’il y avait à l’intérieur : la couleur. Ma mission principale était d’atteindre un équilibre entre ces éléments de lumière, d’ombre et de couleur. C’était pour moi une
recherche d’harmonie. »
The Shining
Avec l’étrange travelling qui suit un jeune garçon traversant les couloirs d’un hôtel sur son tricycle en plastique, nous pénétrons dans l’esprit torturé de Danny Torrance, une des nombreuses séquences remarquables réalisées par Stanley Kubrick sur Steadicam dans « The Shining » (1980). Garrett Brown, inventeur et opérateur de la Steadicam, utilise alors un objectif Cooke de 18 mm qui permet à l’équipement de passer à moins de 2,5 cm de murs et des cadres de porte tout en conservant une largeur de champs tout au long de la prise de vue.
« Lorsque vous travaillez avec Stanley, il y a toujours de nouvelles perspectives ; de nouvelles idées », a déclaré John Alcott BSC, directeur de la photographie du film. « Existe-t-il un moyen de ceci faire différemment ? Existe-t-il un moyen de rendre la chose encore bien meilleure qu’avant ? »
Vous allez croire qu'un homme peut voler
Le slogan de Superman : Le slogan « Vous allez croire qu’un homme peut voler » tire ses origines du film de 1978, et grâce au talent de Geoffrey Unsworth, BSC et du pionnier des effets spéciaux Zoran Perisic, nous y avons cru. La technique alors principalement utilisée pour faire voler Superman est le Zoptic Front-Projection System. Le Superman originel est filmé avec un objectif anamorphique Technovision et zoom 5:1 de Cooke à la fois sur la caméra et sur le projecteur. Superman II (1980) utilise un zoom Super Cine Varotal 10:1 f2.8 (25-250 mm) sur la caméra et un projecteur configuré pour un Vista Vision 8-perf. Superman III (1983) est tourné en 35 mm avec un zoom Super Cine Varotal 10:1 à la fois sur le projecteur et la caméra.
La même année, les mêmes objectifs sont également utilisés par Alan Hume, BSC pour filmer « Star Wars : Épisode VI – Le Retour du Jedi ». L’avenir des films de super-héros à succès est né.
The same year, the same lenses were also used by Alan Hume BSC to shoot Star Wars: Episode VI – Return of the Jedi. The future of superhero blockbuster movies was born.
Meurtre dans un jardin anglais
Peter Greenaway est devenu un réalisateur de statut international en 1983 avec « Meurtre dans un jardin anglais », un thriller érotique stylisé plein d’esprit et de mystère filmé par Curtis Clarke, ASC à l’aide du zoom Varokinetal compact.
« J’ai eu l’idée d’expérimenter avec la Super 16 mm, qui a une profondeur de champ intrinsèquement plus grande, et de trouver ensuite un moyen d’améliorer la qualité d’image lors de la duplication par gonflage en 35 mm », déclare Clarke. « De la sélection des objectifs les plus nets, bénéficiant d’une exposition optimale, à la façon dont nous avons géré le gonflage, tout a dû être fait avec beaucoup de prudence. L’objectif était que les spectateurs de la version finale soient incapables de dire que ce n’était pas du 35 mm à l’origine. Et ça a fonctionné à la perfection. »
Le film 16 mm marque les débuts de Clarke et du Varokinetal.
Far From Heaven
Le Speed Panchro est tant apprécié des cinéastes – et la lentille d’origine en verre si bien confectionnée – que les objectifs Panchro sont réutilisés par des générations successives de réalisateurs. Edward Lachman, ASC recrée les couleurs luxuriantes et saturées du Technicolor et l’éclairage clair obscur des mélodrames de Douglas Sirk réalisés sur des plateaux en extérieurs pour « Loin du paradis » (2002) avec les objectifs S4 et Speed Panchro. En revanche, pour « Carol » (2015), une autre romance réalisée par Todd Haynes, qui a lieu dans les années 1950, « J’ai tout fait pour donner à la lumière et au ressenti des images un rendu naturaliste ». Il filme « Carol » en Super16 en utilisant des objectifs Varapanchro et des objectifs à focale fixe S2 Speed Panchro retravaillés pour « faire référence à la façon dont les choses de cette période auraient semblé à travers une lentille plus ancienne ». Lachman est nominé aux Oscars à deux occasions.
12 Years A Slave
Sean Bobbitt, BSC commence à utiliser les S4s de Cooke au début de sa carrière, et y revient encore et toujours. « J’ai testé de nombreux objectifs », dit-il, « certains peuvent être trop durs et trop nets, mais il y a vraiment chez les Cooke quelque chose qui me plait. Pour moi, ils sont légèrement plus chauds avec un contraste plus doux. Ils sont plus tolérants et cela me convient. C’est ainsi que je vois le monde. »
« La beauté de la Louisiane est en contraste complet avec les horreurs qui y étaient perpétrées », dit Bobbitt.
Intelligence innovante
Au début du nouveau millénaire, l’importance des métadonnées pour des fins d’archivage est établie, mais son importance au niveau des prises de vue est encore largement négligée. Reconnaissant ce déficit, Cooke entreprend de créer un protocole de métadonnées qui fournirait à l’industrie un moyen de partager sans effort les données de l’objectif, de la prise de vue à la post-production. Il en résulte la /i Technology (i pour intelligente), un système permettant aux caméras et aux équipements pellicule comme numériques d’enregistrer et d’afficher automatiquement les données clés de l’objectif pour chaque prise de vue.
Intégrée à tous les objectifs Cooke et adoptée en tant que norme dans l’industrie, la technologie prend son essor avec le tournage en réalité mixte. Des données précises sur chaque type de réglage pour chaque objectif peuvent être introduites dans un flux de production virtuel pour accélérer la production et la prise de décision créative, comme sur « Star Trek : Strange New Worlds », filmé avec les objectifs Anamorphic/i Full Frame Plus Special Flair.
L’âge d’or de la télévision
Pour certaines personnes, Breaking Bad est le meilleur drame télévisé jamais créé. Ses magnifiques paysages désertiques capturés sur un film 35 mm donnent à la série une aura unique et désarmante. D’autres fans encore choisiront « Game of Thrones », filmé sur des caméras numériques sensibles à la faible luminosité des scènes peu scrupuleuses éclairées à la bougie qui peuplent la série. Qu’en est-il de la célèbre rendition contemporaine de Sherlock Holmes sur la BBC ou encore de Narcos, la série Netflix encensée qui couvre la guerre contre la drogue des années 70 aux années 90 ? Quel que soit votre préférée, le dénominateur commun entre toutes ces séries reconnues de l’âge d’or de la télévision est qu’elles ont toutes été filmées avec des objectifs à focale fixe S4/i de Cooke.
Cooke remporte des Oscars
Le 9 février 2013, Cooke est récompensé lors de la 85e cérémonie des Oscars « pour leur innovation continue dans la conception, le développement et la fabrication d’objectifs de caméra avancés qui ont contribué à définir l’apparence des films au cours du siècle dernier. »
Les Zellan, alors président et propriétaire de la société, accepte la statuette lors de la cérémonie qui a lieu à l’hôtel Beverly Hills à Los Angeles.
« C’est un honneur pour moi d’accepter ce prix au nom de toutes les personnes talentueuses qui travaillent actuellement chez Cooke, ainsi que des milliers de personnes qui y ont travaillé par le passé », a-t-il déclaré. « Cooke a été une force innovante dans cette industrie, depuis la naissance des films jusqu’à la révolution du cinéma numérique. »
A Star Is Born
Matthew Libatique, ASC utilise une série d’objectifs Cooke pour tourner « A Star Is Born » (2018), et le Macro Anamorphic 65 mm filme certaines des séquences les plus spectaculaires du film. C’est le cas des gros plans de Lady Gaga lors de son mariage à l’écran avec son réalisateur et partenaire d’écran Bradley Cooper, ainsi que des plans larges en arrière-scène de la star au Shrine Auditorium en hommage à la version de 1954 avec Judy Garland.
« Ça change la donne », a déclaré Libatique, qui a été nominé aux Oscars pour ce travail.
« C’est un objectif anamorphique qui vous permet de vous rapprocher des acteurs tout comme un sphérique. Je n’étais pas obligé de me tenir à un mètre, je pouvais être à 30 centimètres, et c’est ce qui a donné à « A Star Is Born » ses séquences les plus spectaculaires. C’est un objectif spectaculaire. »
The Tragedy of Macbeth
Pour son adaptation austère et stylisée du célèbre Macbeth de Shakespeare, le scénariste et réalisateur Joel Coen voulait un langage visuel dépouillé.
Bruno Delbonnel, ASC, AFC offre un format académique en couleur ensuite converti en monochrome et un cadre composé avec symétrie, le tout filmé avec des focales fixes S7/i pré-sélectionnées, principalement en 40 mm et 50 mm, pour un rendu « Cooke Look » qui s’étend aux capteurs plein format. « Sur du 35 mm standard, j’utilise l’objectif S4 de 27 mm, ce qui est fantastique. Nous avons donc trouvé l’équivalent d’un objectif S7 sur caméra Alexa LF grand format », dit-il. « C’était parfait pour ce que nous voulions parce qu’ils sont nets, mais l’effacement de la lumière est magnifique et j’aime la profondeur de champ qu’ils offrent. »
Delbonnel a été nominé pour les Oscars en 2022 pour ce travail.
Conçu pour évoluer
lain Neil est un concepteur d’objectifs, plusieurs fois récompensé aux Sci-Tech Academy Awards, membre associé de l’ASC et membre de la SMPTE, et conseiller en chef en optique chez Cooke depuis plus d’une décennie.
« Récemment, les cinéastes m’ont dit que les images produites par les caméras numériques ressemblaient principalement à celles des objectifs sphériques, qu’ils décrivaient souvent comme « cliniques et stériles », explique-t-il.
Pour contourner ce problème, les cinéastes demandent régulièrement au fabricant d’objectifs de les « désajuster » objectifs pour supprimer une certaine résolution, un certain contraste ou une autre caractéristique. Neil a décidé d’aborder ce problème dans le sens inverse et de demander « comment régler l’objectif pour qu’il s’adapte aux dernières technologies d’imagerie numérique ? »
Le résultat :la série S8/i pour la production Full Frame sortie en 2022, un système d’objectifs sphériques réglés avec précision pour les capteurs numériques avec le caractère unique du «Cooke Look ». Une nouvelle référence pour Cooke.